Conus maioensis et marcocastellazzii

Ah ! Ces cônes du Cap Vert. Ils sont magnifiques. Un vrai casse tête.
Cossignani est en train de tout bouverser en renommant certains Cônes.
Tout comme les deux cités en titre. A mon avis, ils sont identiques et ne vois pas la ou les différences. C'est déjà compliqué ainsi. De quoi s'arracher les cheveux et perdre son latin. 
Qu'en pensent les spécialistes des Cônes ? Merci.

Il faut lire cette étude. C'est décapant. Elle a été produite récemment par une équipe de chercheurs espagnols qui se basent sur l'ADN mitochondrial :

https://www.researchgate.net/publication/342067941_Taxonomic_revision_of_West_African_cone_snails_Gastropoda_Conidae_based_upon_mitogenomic_studies_implications_for_conservation

Les auteurs sont compétents, rigoureux, connaissent très bien le sujet et leur travail est de qualité. Je les connais pour les avoir rencontrés à plusieurs reprises.
Ils conservent Africonus maioensis et mettent A. marcocastellazii en synonymie.

Ils réduisent à une trentaine le nombre d'espèces valides au Cap Vert. Cependant, je ne partage pas leur décision de ne fonder les décisions taxonomiques que sur un seuil de distance génétique. Dans la nature, des populations peuvent diverger et devenir des unités évolutives indépendantes avant que l'ADN mitochondrial ne diverge. C'est le cas chez les cônes du Cap Vert et il existe des travaux qui le démontrent. Dans Taxonomic Iconography of Living Conidae que j'ai co-écrit (avec Monnier, Roux et Robin) une taxonomie différente est présentée. Elle est maintenant en partie caduque mais reste une alternative plus détaillée.

Cossignani a décrit avec Ramiro Fiadeiro dans Malacologia Mostra Mondiale, de nombreuses nouvelles populations de cônes du Cap Vert. C'est ce dernier qui est l'élément moteur de cette révision. Ramiro est furieux contre l'équipe espagnole qui synonymise la quasi totalité de ses découvertes. Il a une vision basée sur les micro-populations isolées. Celle de l'homme de terrain. L'ADN et les laboratoires, ce ne sont pas ses références.

Il n'y a pas de vérité dans tout cela. Les cônes du Cap Vert n'ont rien à ... de nos discussions : ils ont trois préoccupations essentielles : manger, ne pas être mangé, se reproduire. Quant à la nature, elle est bien plus complexe que nous ne pourrons jamais la représenter. C'est cela qui est fascinant.

Merci pour la doc

Document très intéressant. Merci.
Je partage l'idée de l'équipe espagnole. 
Beaucoup de syn. dans les descriptions de Cossignani et Ramiro. Est ce dans un but commercial ?
Quoi qu'il en soit, les Cônes du Cap vert et du Sénégal sont magnifiques. 
Ils sont tout de même un peu onéreux. Mais...quand on aime..

HENRI.13090 a écrit:Est ce dans un but commercial ?

Peut-être commercial ou pour laisser son nom dans les descriptions

HENRI.13090 a écrit:Quoi qu'il en soit, les Cônes du Cap vert et du Sénégal sont magnifiques. 
Ils sont tout de même un peu onéreux. Mais...quand on aime..

Malheureusement, vu ce que j'ai lu sur le forum ces dernières années dans plusieurs sujets, ces cônes seront de plus en plus durs à avoir. La destruction massive de leur habitat est un fléau pour la faune et la flore.

Pour connaître Tiziano Cossignani et Ramiro Fiadeiro, je peux dire que leur but n'est pas réellement commercial. Ce n'est pas avec l'argent gagné par la vente des coquilles qu'il récolte que Ramiro va faire fortune... Quant à Tiziano, c'est simple : il n'en vend pas.
Le véritable débat est sur le concept d'espèce. Nous avons ici un cas très net de "lumpers (les espagnols) vs splitters (les italo-lusitaniens)".

Il peut y avoir des conséquences concrètes à ces différences de points de vues. Les autorités locales au vu de l'étude des scientifiques académiques espagnols (qui ont une autorité certaine de ce fait) peuvent décider de sacrifier des populations locales de cônes et leur environnement au bénéfice du développement économique et notamment touristique au motif que ces animaux existent ailleurs. 
Si l'on suit plutôt le point de vue des amateurs (dont un homme de terrain), toutes les populations ont une signification évolutive et méritent ainsi d'être protégées... Cela peut entraver le développement économique du pays.

Au cap Vert, le développement économique a déjà entraîné dans les années 1980, l'éradication de la population type de Lautoconus (Africonus) decoratus. La même chose est probablement également arrivée à L. (A.) lugubris.