Gonospira à Rodrigues - Le Genre
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Tengu84
Zonatus
Boutillier Michel
Seb G.
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Gonospira à Rodrigues - Le Genre
Ven 31 Mai 2013 - 10:39
Voici un petit article sur ce genre carnivore très intéressant :
Notes sur trois espèces de Gonospira endémiques de l'île Rodrigues
Le conchyliologue Hippolyte Crosse fait en 1873 la description de trois nouvelles espèces du genre Gonospira endémiques de Rodrigues, que nous avons tenté de retrouver sur le terrain en avril 2012. Ces taxons sont encore présents sur l'île mais leurs populations sont très restreintes et localisées dans les poches résiduelles de végétation originelle. Les transformations du milieu par les activités humaines et les introductions successives de mollusques invasifs y sont pour beaucoup. Une station en particulier à retenu notre attention, d'abord pour le nombre important de spécimens observés, mais aussi pour la présence probable des trois espèces dans le même biotope.
La littérature est peu prolifique sur le sujet, et nous retiendrons les travaux de Crosse et Morelet sur la malacofaune terrestre de Rodrigues, qui datent du 19e siècle. Ces écrits, succincts, restent pourtant les plus complets sur les trois espèces qui nous intéressent, en particulier pour les descriptions originales rapportées ci-dessous.
Crosse, à partir du matériel récolté par A. Desmazures lors de son séjour de trois mois sur l'île Rodrigues, mentionne dans le Journal de Conchyliologie en 1874 : "Les mollusques carnassiers ne sont représentés dans l'île que par les Gonospira, qui tous les trois nous ont paru nouveaux." ; et en note : "Les habitudes carnivores des Gonospira se confirment à chaque observation nouvelle de l'animal d'une espèce du genre. M. E. Dupont, de Maurice, nous écrit que le G. sulcata Müller attaque et dévore, aussi bien que le G. palanga, les Helix en compagnie desquels on le laisse. Un Helix sepulcralis Férussac rapporté vivant de Madagascar et enfermé dans la même boîte que des G. sulcata, a été trouvé complètement vidé par eux. Les G. newtoni, G. mauritiana, G. modiolus et G. nevilli sont également carnivores, d'après des observations récentes."
Illustration de Crosse, 1874
Gonospira metableta Crosse, 1874 (Pl. VIII, Fig. 5)
Description : Coquille pourvue d'une fente ombilicale profonde, sub-cylindracée, légèrement renflée, assez mince, marquée de costulations obliques et serrées, médiocrement luisante et d'un blanc livide. Spire formant un cône court et se terminant par un sommet arrondi et légèrement obtus. Suture bien marquée. Tours de spire au nombre de 7 1/2 et faiblement convexes ; tours embryonnaires, au nombre de 1 1/2, à peu près lisses ; tour suivant très finement strié ; antépénultième et avant-dernier tours légèrement renflés ; dernier tour ascendant, un peu plus petit que la spire et arrondi à la base. Ouverture à peine oblique, ovale-pyriforme et blanchâtre à l'intérieur. Péristome simple, brièvement développé et blanchâtre : bords réunis par un dépôt calleux assez épais et de même couleur que le péristome ; bord columellaire subdilaté ; bord basal et bord externe à peine réfléchis.
Longueur totale : 19 mm ; plus grand diamètre 10 mm ; longueur de l'ouverture 8 mm, largeur 6 mm.
Habitat : Nouvelle Découverte, à environ 2 lieues de Port-Mathurin. Vu 5 exemplaires seulement (A. Desmazures).
Observations : Cette espèce à la dimension de G. modiolus Férussac : elle s'en rapproche beaucoup par l'ensemble de ses caractères, mais elle est plus ventrue et plus courte, son ouverture est plus grande et légèrement oblique ; enfin ses bords sont moins développés et réunis par un dépôt calleux assez épais. Nous avons cru devoir modifier le nom spécifique que nous lui avions primitivement donné (G. dupontiana Crosse, NDA), à cause du G. dupontiana, proposé en 1870 par M. G. Nevill, et pour éviter toute confusion entre les deux espèces.
Gonospira rodriguezensis Crosse, 1873 (Pl. VIII, Fig. 6)
Description : Coquille pourvue d'une fente ombilicale, subcylindracée, assez mince, subtranslucide, marquée de petites costulations obliques et serrées, assez luisante et d'un blanc légèrement lacté. Spire formant un cône court et terminé par un sommet arrondi et assez obtus. Suture bien marquée. Tours de spire au nombre d'un peu moins de 7 et de forme plano-convexe ; tours embryonnaires au nombre de 1 1/2, à peu près lisses ; tour suivant très finement strié ; dernier tour ascendant un peu plus petit que la spire, arrondi à la base et légèrement atténué. Ouverture subverticale, de forme ovale tronquée et blanchâtre à l'intérieur. Péristome simple, à peine réfléchi et d'un blanc lacté ; bords réunis par un dépôt calleux assez mince.
Longueur totale : 12,5 mm ; plus grand diamètre 6,3 mm ; longueur de l'ouverture 4,5 mm, largeur 3 mm.
Habitat : Espèce assez abondante à l'île Rodriguez, où on la trouve au Port-Mathurin au nord, et à la pointe au Coraux au sud, sans la rencontrer dans les localités intermédiaires (A. Desmazures).
Observations : Elle reproduit en petit l'espèce précédente, mais elle s'en distingue par son ouverture moins oblique, presque verticale, son test d'un blanc de lait et ses costulations moins fortement accusées.
Gonospira chloris Crosse, 1873 (Pl. VIII, Fig. 7)
Description : Coquille pourvue d'une fente ombilicale profonde, de forme brièvement subcylindracéo-ovale, mince, translucide, marquée de costulations obliques, peu luisante et d'un jaune clair, tournant au blanc livide. Spire formant un cône très court et se terminant par un sommet obtus. Suture bien marquée. Tours de spire au nombre de 6 1/2 et à peine convexes ; tours embryonnaires au nombre de 1 1/2, presque lisses ; tour suivant très finement strié ; autres tours assez renflés ; dernier tour à peine ascendant, un peu plus petit que la spire et arrondi à la base. Ouverture à peine oblique, de forme ovale semi-lunaire et blanchâtre à l'intérieur. Péristome simple, assez mince, à peine réfléchi et d'un blanc livide ; bords réunis par un dépôt calleux, peu épais et assez luisant ; bord externe légèrement infléchi un peu au-dessus de sa partie médiane.
Longueur totale : 6 mm ; plus grand diamètre 3,5 mm ; longueur de l'ouverture 2,5 mm, largeur 2 mm.
Habitat : Pointe aux Coraux, à environ 4 lieues du Port-Mathurin (A. Desmazures).
Observations : l'animal est d'un rouge vif, comme celui de tous les Gonospira connus jusqu'ici. La coquille se rapproche de celle du G. turgidula Deshayes, sous le rapport de la taille, mais elle est plus cylindrique et de coloration beaucoup plus claire : elle s'en distingue également par la légère inflexion de son bord externe et par son ouverture un peu oblique.
A propos de G. chloris, A. Morelet note dans son appendice : "M. Bewsher n'a pas rencontré le type de cette espèce dont la taille ne dépasse pas 6 mm : les sujets qu'il a recueillis atteignent jusqu'à 9 mm. Cette différence, quoique considérable, ne saurait constituer un caractère spécifique, quand tout le reste se trouve en concordance parfaite."
Notons aussi que les trois espèces endémiques de Gonospira sont représentées à la réserve François Leguat par des spécimens visibles dans la collection du musée (voir ci-dessus).
Suite à la lecture de ces textes et à la comparaison avec le matériel du musée, nous avons pu identifier les trois espèces de Gonospira dans une petite localité au nord de Rivière Cocos, à environ 110 mètres d'altitude (voir carte ci-dessus). Le milieu est une forêt densément plantée, difficile d'accès, dans une petite gorge formée par un ruisseau au débit faible. La station se situe en amont d'un barrage artificiel en pierres, qui forme une retenue d'eau utilisée par les habitants du village en contrebas. En aval, le cours d'eau est pratiquement à sec, et seules quelques flaques se forment entre les rochers en période de pluies. Environ 200 mètres plus haut, vers la montagne, la végétation épaisse et la présence du ruisseau apportent une humidité constante qui permet l'observation des mollusques pratiquement en permanence, avec une activité plus intense à la fin de la nuit et au lever du jour.
Ainsi, nous avons pu observer G. chloris et G. rodriguezensis vivants, mais aussi plusieurs tests vides de G. metableta sur la partie la plus élevée de la station. La malacofaune endémique est également représentée par une espèce de Sheldonia que nous n'avons pas pu identifier avec certitude (Fig. 1), Omphalotropis taeniata (Fig. 2), Omphalotropis littorinula (Fig. 3) et Omphalotropis cf. hameliana (Fig. 4).
Des espèces allochtones sont également présentes, comme Subulina octona (Fig. 1), Euglandina rosea (Fig. 2) et Achatina immaculata (Fig. 3, juvénile Fig. 4). Nous avons retrouvé des restes d'Omphalotropis dans plusieurs contenus stomacaux d'E. rosea, ce qui prouve que cette espèce carnivore introduite est en compétition directe avec les Gonospira endémiques.
En effet, nous avons observé G. chloris se nourrissant d'Omphalotropis littorinula sur cette station, mais aussi G. rodriguezensis en train de chasser plusieurs espèces d'Omphalotropis et des spécimens juvéniles d'Achatina immaculata (voir photos ci-dessous). Il semblerait donc que Gonospira et Euglandina partagent à présent la même niche écologique, hormis le fait que cette dernière espèce puisse s'attaquer à des proies plus volumineuses.
Concernant les observations des animaux vivants, il semble que les remarques de Crosse ne soient pas tout à fait justes. En effet, si le corps de G. chloris s'approche du rouge vif sur la partie dorsale et les tentacules (surtout pour les jeunes individus, les adultes étant plutôt orange vif, voir Fig.1 ci-dessous), celui de G. rodriguezensis est de couleur beige, avec les bord de la sole orange-pâle, les tentacules marron et la partie dorsale jaune-orangée (voir Fig. 2 ci-dessous).
Aussi, contrairement à ce qu'affirme Morelet, nous pouvons distinguer ces deux espèces par des caractères relatifs aux parties molles, en plus des critères conchyliologiques. Les différences de taille des coquilles sont aussi flagrantes sur le terrain, sans spécimens de tailles intermédiaires. Pour résumer, les gros Gonospira (13mm circa) aux couleurs ternes sont des G. rodriguezensis, les petits (8mm circa) aux couleurs vives sont des G. chloris.
1 : Gonospira metableta, 18.02mm ; 2 : Gonospira rodriguezensis, 13.12mm ; 3 : Gonospira chloris, 7.09mm.
Enfin, l'identification des trois espèces de Gonospira par seule observation du test est facilitée par la photographie. La planche ci-dessus, qui représente trois spécimens de la même localité, donne une comparaison plus claire que les illustrations de Crosse, levant ainsi le doute sur une synonymie des taxons.
Sources :
H. Crosse, Faune malacologique terrestre et fluviatile de l'île Rodriguez, Journal de Conchyliologie (t.22), 1874.
A. Morelet, Appendice à la Conchyliologie de l'île Rodrigues, Journal de Conchyliologie (t.23), pp. 21-30.
Notes sur trois espèces de Gonospira endémiques de l'île Rodrigues
Le conchyliologue Hippolyte Crosse fait en 1873 la description de trois nouvelles espèces du genre Gonospira endémiques de Rodrigues, que nous avons tenté de retrouver sur le terrain en avril 2012. Ces taxons sont encore présents sur l'île mais leurs populations sont très restreintes et localisées dans les poches résiduelles de végétation originelle. Les transformations du milieu par les activités humaines et les introductions successives de mollusques invasifs y sont pour beaucoup. Une station en particulier à retenu notre attention, d'abord pour le nombre important de spécimens observés, mais aussi pour la présence probable des trois espèces dans le même biotope.
La littérature est peu prolifique sur le sujet, et nous retiendrons les travaux de Crosse et Morelet sur la malacofaune terrestre de Rodrigues, qui datent du 19e siècle. Ces écrits, succincts, restent pourtant les plus complets sur les trois espèces qui nous intéressent, en particulier pour les descriptions originales rapportées ci-dessous.
Crosse, à partir du matériel récolté par A. Desmazures lors de son séjour de trois mois sur l'île Rodrigues, mentionne dans le Journal de Conchyliologie en 1874 : "Les mollusques carnassiers ne sont représentés dans l'île que par les Gonospira, qui tous les trois nous ont paru nouveaux." ; et en note : "Les habitudes carnivores des Gonospira se confirment à chaque observation nouvelle de l'animal d'une espèce du genre. M. E. Dupont, de Maurice, nous écrit que le G. sulcata Müller attaque et dévore, aussi bien que le G. palanga, les Helix en compagnie desquels on le laisse. Un Helix sepulcralis Férussac rapporté vivant de Madagascar et enfermé dans la même boîte que des G. sulcata, a été trouvé complètement vidé par eux. Les G. newtoni, G. mauritiana, G. modiolus et G. nevilli sont également carnivores, d'après des observations récentes."
Illustration de Crosse, 1874
Gonospira metableta Crosse, 1874 (Pl. VIII, Fig. 5)
Description : Coquille pourvue d'une fente ombilicale profonde, sub-cylindracée, légèrement renflée, assez mince, marquée de costulations obliques et serrées, médiocrement luisante et d'un blanc livide. Spire formant un cône court et se terminant par un sommet arrondi et légèrement obtus. Suture bien marquée. Tours de spire au nombre de 7 1/2 et faiblement convexes ; tours embryonnaires, au nombre de 1 1/2, à peu près lisses ; tour suivant très finement strié ; antépénultième et avant-dernier tours légèrement renflés ; dernier tour ascendant, un peu plus petit que la spire et arrondi à la base. Ouverture à peine oblique, ovale-pyriforme et blanchâtre à l'intérieur. Péristome simple, brièvement développé et blanchâtre : bords réunis par un dépôt calleux assez épais et de même couleur que le péristome ; bord columellaire subdilaté ; bord basal et bord externe à peine réfléchis.
Longueur totale : 19 mm ; plus grand diamètre 10 mm ; longueur de l'ouverture 8 mm, largeur 6 mm.
Habitat : Nouvelle Découverte, à environ 2 lieues de Port-Mathurin. Vu 5 exemplaires seulement (A. Desmazures).
Observations : Cette espèce à la dimension de G. modiolus Férussac : elle s'en rapproche beaucoup par l'ensemble de ses caractères, mais elle est plus ventrue et plus courte, son ouverture est plus grande et légèrement oblique ; enfin ses bords sont moins développés et réunis par un dépôt calleux assez épais. Nous avons cru devoir modifier le nom spécifique que nous lui avions primitivement donné (G. dupontiana Crosse, NDA), à cause du G. dupontiana, proposé en 1870 par M. G. Nevill, et pour éviter toute confusion entre les deux espèces.
Gonospira rodriguezensis Crosse, 1873 (Pl. VIII, Fig. 6)
Description : Coquille pourvue d'une fente ombilicale, subcylindracée, assez mince, subtranslucide, marquée de petites costulations obliques et serrées, assez luisante et d'un blanc légèrement lacté. Spire formant un cône court et terminé par un sommet arrondi et assez obtus. Suture bien marquée. Tours de spire au nombre d'un peu moins de 7 et de forme plano-convexe ; tours embryonnaires au nombre de 1 1/2, à peu près lisses ; tour suivant très finement strié ; dernier tour ascendant un peu plus petit que la spire, arrondi à la base et légèrement atténué. Ouverture subverticale, de forme ovale tronquée et blanchâtre à l'intérieur. Péristome simple, à peine réfléchi et d'un blanc lacté ; bords réunis par un dépôt calleux assez mince.
Longueur totale : 12,5 mm ; plus grand diamètre 6,3 mm ; longueur de l'ouverture 4,5 mm, largeur 3 mm.
Habitat : Espèce assez abondante à l'île Rodriguez, où on la trouve au Port-Mathurin au nord, et à la pointe au Coraux au sud, sans la rencontrer dans les localités intermédiaires (A. Desmazures).
Observations : Elle reproduit en petit l'espèce précédente, mais elle s'en distingue par son ouverture moins oblique, presque verticale, son test d'un blanc de lait et ses costulations moins fortement accusées.
Gonospira chloris Crosse, 1873 (Pl. VIII, Fig. 7)
Description : Coquille pourvue d'une fente ombilicale profonde, de forme brièvement subcylindracéo-ovale, mince, translucide, marquée de costulations obliques, peu luisante et d'un jaune clair, tournant au blanc livide. Spire formant un cône très court et se terminant par un sommet obtus. Suture bien marquée. Tours de spire au nombre de 6 1/2 et à peine convexes ; tours embryonnaires au nombre de 1 1/2, presque lisses ; tour suivant très finement strié ; autres tours assez renflés ; dernier tour à peine ascendant, un peu plus petit que la spire et arrondi à la base. Ouverture à peine oblique, de forme ovale semi-lunaire et blanchâtre à l'intérieur. Péristome simple, assez mince, à peine réfléchi et d'un blanc livide ; bords réunis par un dépôt calleux, peu épais et assez luisant ; bord externe légèrement infléchi un peu au-dessus de sa partie médiane.
Longueur totale : 6 mm ; plus grand diamètre 3,5 mm ; longueur de l'ouverture 2,5 mm, largeur 2 mm.
Habitat : Pointe aux Coraux, à environ 4 lieues du Port-Mathurin (A. Desmazures).
Observations : l'animal est d'un rouge vif, comme celui de tous les Gonospira connus jusqu'ici. La coquille se rapproche de celle du G. turgidula Deshayes, sous le rapport de la taille, mais elle est plus cylindrique et de coloration beaucoup plus claire : elle s'en distingue également par la légère inflexion de son bord externe et par son ouverture un peu oblique.
A propos de G. chloris, A. Morelet note dans son appendice : "M. Bewsher n'a pas rencontré le type de cette espèce dont la taille ne dépasse pas 6 mm : les sujets qu'il a recueillis atteignent jusqu'à 9 mm. Cette différence, quoique considérable, ne saurait constituer un caractère spécifique, quand tout le reste se trouve en concordance parfaite."
Notons aussi que les trois espèces endémiques de Gonospira sont représentées à la réserve François Leguat par des spécimens visibles dans la collection du musée (voir ci-dessus).
Suite à la lecture de ces textes et à la comparaison avec le matériel du musée, nous avons pu identifier les trois espèces de Gonospira dans une petite localité au nord de Rivière Cocos, à environ 110 mètres d'altitude (voir carte ci-dessus). Le milieu est une forêt densément plantée, difficile d'accès, dans une petite gorge formée par un ruisseau au débit faible. La station se situe en amont d'un barrage artificiel en pierres, qui forme une retenue d'eau utilisée par les habitants du village en contrebas. En aval, le cours d'eau est pratiquement à sec, et seules quelques flaques se forment entre les rochers en période de pluies. Environ 200 mètres plus haut, vers la montagne, la végétation épaisse et la présence du ruisseau apportent une humidité constante qui permet l'observation des mollusques pratiquement en permanence, avec une activité plus intense à la fin de la nuit et au lever du jour.
Ainsi, nous avons pu observer G. chloris et G. rodriguezensis vivants, mais aussi plusieurs tests vides de G. metableta sur la partie la plus élevée de la station. La malacofaune endémique est également représentée par une espèce de Sheldonia que nous n'avons pas pu identifier avec certitude (Fig. 1), Omphalotropis taeniata (Fig. 2), Omphalotropis littorinula (Fig. 3) et Omphalotropis cf. hameliana (Fig. 4).
Des espèces allochtones sont également présentes, comme Subulina octona (Fig. 1), Euglandina rosea (Fig. 2) et Achatina immaculata (Fig. 3, juvénile Fig. 4). Nous avons retrouvé des restes d'Omphalotropis dans plusieurs contenus stomacaux d'E. rosea, ce qui prouve que cette espèce carnivore introduite est en compétition directe avec les Gonospira endémiques.
En effet, nous avons observé G. chloris se nourrissant d'Omphalotropis littorinula sur cette station, mais aussi G. rodriguezensis en train de chasser plusieurs espèces d'Omphalotropis et des spécimens juvéniles d'Achatina immaculata (voir photos ci-dessous). Il semblerait donc que Gonospira et Euglandina partagent à présent la même niche écologique, hormis le fait que cette dernière espèce puisse s'attaquer à des proies plus volumineuses.
Concernant les observations des animaux vivants, il semble que les remarques de Crosse ne soient pas tout à fait justes. En effet, si le corps de G. chloris s'approche du rouge vif sur la partie dorsale et les tentacules (surtout pour les jeunes individus, les adultes étant plutôt orange vif, voir Fig.1 ci-dessous), celui de G. rodriguezensis est de couleur beige, avec les bord de la sole orange-pâle, les tentacules marron et la partie dorsale jaune-orangée (voir Fig. 2 ci-dessous).
Aussi, contrairement à ce qu'affirme Morelet, nous pouvons distinguer ces deux espèces par des caractères relatifs aux parties molles, en plus des critères conchyliologiques. Les différences de taille des coquilles sont aussi flagrantes sur le terrain, sans spécimens de tailles intermédiaires. Pour résumer, les gros Gonospira (13mm circa) aux couleurs ternes sont des G. rodriguezensis, les petits (8mm circa) aux couleurs vives sont des G. chloris.
1 : Gonospira metableta, 18.02mm ; 2 : Gonospira rodriguezensis, 13.12mm ; 3 : Gonospira chloris, 7.09mm.
Enfin, l'identification des trois espèces de Gonospira par seule observation du test est facilitée par la photographie. La planche ci-dessus, qui représente trois spécimens de la même localité, donne une comparaison plus claire que les illustrations de Crosse, levant ainsi le doute sur une synonymie des taxons.
Sources :
H. Crosse, Faune malacologique terrestre et fluviatile de l'île Rodriguez, Journal de Conchyliologie (t.22), 1874.
A. Morelet, Appendice à la Conchyliologie de l'île Rodrigues, Journal de Conchyliologie (t.23), pp. 21-30.
- Boutillier MichelAssidu
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Localisation : J'habite en Haute-Savoie.
Re: Gonospira à Rodrigues - Le Genre
Ven 31 Mai 2013 - 11:40
super sujet ,impressionnantes petites bestioles ,merci Khan.
Re: Gonospira à Rodrigues - Le Genre
Ven 31 Mai 2013 - 11:48
Excellent. Je n'ai jamais pensé à chercher ça à Rodrigues.
Re: Gonospira à Rodrigues - Le Genre
Ven 31 Mai 2013 - 13:54
Merci beaucoup, Khan. :)
_________________
Amicalement, Alexis.
Est ce qu'il y a des terrestres sur Arrakis ?
- EvannoActif
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Re: Gonospira à Rodrigues - Le Genre
Ven 31 Mai 2013 - 15:15
merci,super !
- Phil-HelixAdministrateur
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Localisation : France, Nord
Re: Gonospira à Rodrigues - Le Genre
Ven 31 Mai 2013 - 15:32
Belle synthèse. Merci beaucoup.
_________________
Une identification n'est valable que jusqu'à preuve du contraire. Et souvent il faut attendre mieux.
- Tchitchou44Assidu
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Re: Gonospira à Rodrigues - Le Genre
Sam 25 Jan 2014 - 8:28
Je n'avais pas vu ce sujet. Merci beaucoup
- J.MaheAccro
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Date d'inscription : 29/01/2012
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Localisation : France - centre
Re: Gonospira à Rodrigues - Le Genre
Sam 25 Jan 2014 - 8:33
Bonjour,
Oui très belles synthèse.
Quelqu'un a eu des nouvelles de Khan depuis la fermeture de son site ?
JM
Oui très belles synthèse.
Quelqu'un a eu des nouvelles de Khan depuis la fermeture de son site ?
JM
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